Les chroniques économiques de Bernard Girard

25.3.12

Peut-on être heureux quand plus rien ne va?


(texte d'une conférence donnée à Enhein les Bains le 25/03/2012 dans le cadre du festival eau'zen)

Lorsque l’on m’a demandé de vous parler du bonheur, j’ai hésité tant le sujet me paraissait plein d’embûches. Autant, je me sentais à l’aise pour parler de la crise pour avoir fait ici et ailleurs plusieurs exposés dans lesquels  j’expliquais combien celle que nous traversons est différente d’autres, combien elle est plus profonde ce qui en fait une véritable crise de mutation de notre environnement économique, à l’image de celle de 1929 dont l’Occident n’est sorti, profondément transformé, que dans les années cinquante, autant donc je me sentais à l’aise pour parler de la crise que nous traversons, autant je me sentais un peu désarmé pour parler du bonheur.

Vous l’avouerai-je? J’ai d’abord craint la niaiserie, celle des chansons d’amour à la Claude François, vous vous souvenez “Le chanteur malheureux”, celui qu’on n’écoute plus, que les gens n’aiment plus, celle des campagnes publicitaires qui nous expliquent que le bonheur est sur les plages de sable fin et qui nous montrent des mannequins riant à gorge déployée, celle également de certains discours religieux qui nous invitent à chercher le bonheur au delà des misères quotidiennes.

Et puis, je me suis souvenu que dans ma jeunesse, en 1965, on dansait sur l’air de I can’t get no satisfaction, alors même que tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous étions heureux ou nous aurions dû l’être et, cependant, nous nous reconnaissions dans une chanson qui disait : je n’arrive pas à trouver de quoi me satisfaire. Autant dire que cette notion de bonheur ne va pas de soi. Et que la question posée : peut-on être heureux quand plus rien ne va peut être pertinente puisqu’il apparaît que l’on ne peut ne pas l’être quand tout va.

Et quand j’ai commencé à réfléchir à ce sujet, il m’est revenu que j’avais rencontré cette notion de bonheur à plusieurs reprises dans mes lectures et qu’elle avait été abordée, pour ce que j’en savais, de points de vue assez différents.

Celui des poètes d’abord, et je pense notamment à Baudelaire qui à deux reprises au moins dans les Fleurs du Mal, présente le bonheur dans des situations peu engageantes :
La femme au corps divin, promettant le bonheur
Par le haut se termine en monstre bicéphale (Le Masque),
ou encore dans le Bateau ivre :
Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! »
Une voix de la hune, ardente et folle, crie :
« Amour... gloire... bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !   
Mais je pense aussi à Alfred de Musset pour qui “Le mensonge anonyme est le bonheur suprême” (Dupont et Durand) et qui parle à plusieurs reprises d’apparence du bonheur. Ou à Mallarmé pour lequel “le bonheur d’ici-bas est ignoble”. On l’a compris, pour les poètes, pour ceux-ci du moins, le bonheur ne va pas de soi.

Les philosophes sont plus nuancés. On trouve le mot chez la plupart de ceux qui se sont intéressés aux questions morales, chez Nietzsche, notamment, qui fait dire à Zarathoustra : “Nous avons inventé le bonheur, disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil.” Mais ce sont les philosophes de l’Antiquité qui l’ont le plus systématiquement analysé et notamment Aristote qui s’est beaucoup interrogé sur ce qu’est une bonne vie, ce que l’on pourrait effectivement traduire par une vie heureuse. Beaucoup partagent, en fait, le sentiment mitigé de Kant qui disait :  “Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

Pour les économistes les choses sont simples ou l’ont du moins longtemps été. Il est vrai que fidèle à leur tropisme arithmétique, ils s’exercent, depuis Jeremy Bentham, le père de l’école utilitariste, à le calculer. Tout récemment encore les spécialistes de l’OCDE ont repris, cette ambition et mis au point des baromètres pour le mesurer.

La subtilité revient avec les psychologues et sociologues qui s’intéressent à nos petits bonheurs et à nos pratiques les plus quotidiennes. Je pense notamment à Jean Viard, qui vient de publier un livre dans lequel il revient à plusieurs reprises sur le bonheur, non pas tel que le mesurent les économistes, ni tel que l’analysent les philosophes mais tel que nous l’exprimons lorsque nous répondons à des enquêtes. Cette attention au détail de nos vies les amène à s’intéresser à nos stratégies pour échapper à l’angoisse, aux médicaments que nous prenons pour oublier un instant nos malheurs et retrouver sinon le bonheur, du moins l’apparence de celui-ci.

Ce qui frappe à la lecture de ces différents textes est combien cette question, que l’on renverrait assez volontiers au courrier des lecteurs de la presse féminine, dessine des projets politiques différents.
Pour Aristote, on ne peut mener une bonne vie, je veux dire une vie heureuse que si l’on réussit à concilier son intérêt personnel, son égoïsme, et la qualité des relations avec autrui, ce qu’il appelle l’amitié, une formule dont on trouve l’écho chez Hegel qui, bien plus tard, au début du 19ème siècle, expliquait que “je ne puis réaliser mon bonheur sans celui des autres.” Mais, ajoutait-il aussitôt, le bonheur ne saurait être notre objectif ultime. Le but final du monde n’est pas le bonheur mais la “liberté réalisée”. Une pensée qui a nourri tous les utopistes qui ont suivi et tous ceux qui les ont suivis, jusqu’aux dirigeants totalitaires du vingtième siècle.

A lire Aristote, on devine qu’il associe également le bonheur et la vertu, un concept qui est un peu un faux ami. Les vertus aristotéliciennes ne sont pas tout à fait chrétiennes, il s’agit plutôt de la capacité à trouver le juste milieu entre deux passions, deux émotions, entre, lorsque l’on est insulté, la colère et l’indifférence. L’homme heureux est, en somme, celui qui sait se maîtriser, une idée que l’on retrouve chez Descartes mais dont les stoïciens et les épicuriens étaient également familiers puisque le bonheur était, pour les uns et les autres, associés à ce qu’ils appelaient l’ataraxie, mot un peu savant qui veut dire absence de trouble, de passion ou, si l’on préfère, quiétude de l’âme. Dans une lettre à l’un de ses disciples, Ménécée, Epicure écrivait : “Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n'entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l'interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelle et de troubles de l'âme.

Je disais à l’instant que l’on pouvait traduire ataraxie par “quiétude de l’âme”, et c’est bien ainsi, en effet, que l’ont traduite de nombreux théologiens. Mais on voit bien comment ce qui chez Aristote associait la maîtrise de soi et la qualité des relations avec autrui, avec nos amis, a progressivement dérivé vers le domaine privé, domaine dans lequel nous enferment les économistes pour lesquels le bonheur peut faire l’objet d’un calcul somme toute assez simple puisqu’il s’agit d’additionner les peines et les plaisirs.
Cette approche les a conduits, de manière assez prévisible, à confondre bonheur et richesse ou, si l’on préfère, pour utiliser leur vocabulaire, le PIB. Les pays les plus heureux sont, ou devraient être ceux qui ont le PIB le plus élevé. Et plus un pays connaît de croissance, plus ses citoyens, ses habitants devraient être heureux. Or, catastrophe, ce n’est pas ce que nous disent les enquêtes de satisfaction. Bien au contraire, on s’aperçoit que  nous ne sommes pas plus heureux aujourd’hui qu’il y a quarante ans, alors même que notre PIB a fortement augmenté. Et ce qui est vrai des Français l’est des habitants de tous les pays développés. Ce qui a d’ailleurs amené un économiste réputé, Tibor Scitovski, à écrire dans les années 70, un livre qui a eu un certain retentissement : The Joyless Economy, l’économie sans joie. Par ailleurs, ces mêmes enquêtes montrent que les plus heureux n’habitent pas forcément les pays les plus riches.

Il y a là un mystère que les économistes s’expliquent si peu qu’ils en ont conclu que leurs outils de mesure n’étaient pas satisfaisants. D’où leurs efforts pour trouver de meilleurs indicateurs. Ce sont les britanniques qui sont allés le plus loin dans cette direction. Au point que le gouvernement Cameron a demandé à l’équivalent de l’INSEE de construire un indicateur du bonheur dont les premiers résultats ont été publiés il y a tout juste un an, en mars dernier. Venant d’un gouvernement qui a choisi de serrer très fort la ceinture de ses concitoyens, on ne peut exclure un projet politique, une volonté de retirer un argument à ses adversaires politiques. Ce que ceux-ci n’ont, évidemment, pas manqué de dénoncer.

Le gouvernement britannique est le premier, en occident, à s’être lancé dans cette aventure. D’autres ont suivi. Nicolas Sarkozy y a fait une ou fois ou deux allusion. Il a même fait plus puisqu’il a demandé à des économistes célèbres, Armatya Sen, Joseph Stiglitz, Jean-Paul Fitoussi, il y avait dans ce comité cinq prix Nobel d’économie, de travailler au développement de nouveaux indicateurs de richesse qui seraient plus sensibles à la qualité de nos vies. Ils ont remis un rapport dont on ne sait ce qu’il est devenu, ce qui est dommage puisqu’il y avait dedans quelques bonnes idées comme celle qui d’introduire dans ces indicateurs de richesse des notions relatives à la qualité de l’environnement.

Mais c’est dans un tout petit royaume du Népal, le Bhutan, que cette idée a été pour la première fois mise en oeuvre en 1972. Le roi de ce petit pays plutôt pauvre a voulu savoir ce qui rendait ses sujets heureux et ceci parce qu’il avait le projet d’ouvrir son pays à la modernité et qu’il souhaitait que cela se fasse sans trop de casse.

Il a, je crois, assez bien réussi puisqu’une étude récente classait le Bhutan dans les dix pays les plus heureux du monde loin devant la France qui n’arrive qu’en 62ème position, loin derrière l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Grande-Bretagne. Il n’y a parmi tous les pays développés que le Japon qui fasse plus mal que nous dans cet index du bonheur que réalise régulièrement une université britannique (Leicester). On peut évidemment critiquer cet indice, comme on peut critiquer tous les indicateurs, mais il nous donne tout de même quelques indications et pose des questions.
Il serait évidemment intéressant de comprendre pourquoi certains pays, certaines sociétés sont plus heureux que d’autres. Pourquoi nous sommes plutôt plus malheureux, collectivement, que nos voisins. Plusieurs chercheurs travaillent actuellement sur le sujet. Ils testent plusieurs hypothèses. De toutes celles qu’ils étudient, il en est une qui sort du lot. Il semble qu’il y ait une corrélation entre ces indices de satisfaction ou, si l’on préfère, de bonheur et les indicateurs qui mesurent la confiance et la qualité des relations avec autrui.

Vous le savez peut-être, des instituts comme l’américain Gallup réalisent régulièrement des enquêtes internationales sur la confiance que l’on éprouve pour ses voisins, son gouvernement, les institutions comme la police, les étrangers. Ils posent des questions du type : vous perdez votre portefeuille dans la rue, croyez vous qu’on vous le rapportera? Et l’on s’aperçoit lorsque l’on compare les courbes qu’elles sont très souvent voisines : les pays les plus heureux sont ceux dans lesquels les citoyens se font le plus confiance. Ce qui nous renvoie évidemment à Aristote et à l’amitié. La confiance est une mesure de la qualité du lien social. Là où celui-ci est solide, on est heureux, là où il est fragile, là où l’on se méfie des autres, où l’on s’enferme derrière ses grilles et ses barrières, on est plutôt malheureux.

D’autres études ont montré que la qualité du lien social était un meilleur prédicteur de la satisfaction que le niveau des revenus.

On a également remarqué que l’on rencontrait plus de satisfaction chez les gens qui avaient des activités altruistes, qui travaillaient dans des associations caritatives que chez ceux qui se préoccupaient exclusivement de leur carrière et de leurs revenus. Ce qui est un peu paradoxal : celui qui s’occupe d’activités de type charitable ou caritative est plus souvent en contact avec le malheur que celui qui se préoccupe uniquement de son portefeuille.

Toujours dans le même ordre d’idée, on a découvert que le niveau de satisfaction individuel n’était pas fonction de la capacité à consommer chez les retraités, sinon en matière de loisir. Avoir une plus belle voiture, une plus grande maison ne les rend pas plus heureux, par contre avoir plus de loisirs, c’est-à-dire plus d’activités collectives, plus de relations sociales contribue à améliorer le niveau de satisfaction. Ce qui explique peut-être que les retraités paraissent, dans les sondages, plutôt plus heureux que les gens en activité : ils ont plus de loisir et donc plus d’opportunités d’entretenir des relations sociales.

Bref, on ne peut faire abstraction du capital social. On peut être riche et très malheureux si l’on se méfie de tout le monde, de ses proches, de ses voisins, des étrangers. Cela ne veut évidemment pas dire que les relations sociales suffisent. Il est des niveaux de pauvreté qui interdisent d’être satisfait de sa vie, et on observe d’ailleurs une amélioration significative du degré de satisfaction chez les plus modestes lorsque leurs revenus progressent, mais cet effet richesse s’estompe dés que l’on passe un certain seuil que les économistes ont, bien sûr, tenté de calculer. Il aurait été aux Etats-Unis de l’ordre de 15000$ par an dans les années 80.

Ce qui nous ramène, par une voie un peu détournée, à la question initiale : peut-on être heureux dans un monde en crise? et à l’actualité.

Les sociologues qui se sont penchés sur le cas de la Grèce, sans doute le pays le plus frappé par la crise, ont mis en évidence la montée des suicides, de la consommation d’anxiolytiques et des cas de dépression. Selon les statistiques du ministère de la Santé grec, un homme sur quatre et une femme sur trois y sont atteints de dépressions alors que la moyenne mondiale est bien plus faible : un homme sur huit et une femme sur cinq. Mais la crise que traverse la Grèce est particulièrement profonde. Qu’en est-il dans les pays dans lesquelles cette crise est atténuée? Et bien aussi étrange que cela puisse paraître, le pire n’est pas sûr.

Une étude publiée en 2000 réalisée à partir de données américaines des années 70 et 80 montrait que les périodes de récession économique y avaient été en général associées à une baisse sensible de la mortalité. Cette baisse portait sur la plupart des causes de décès. La seule exception concernait le taux de suicide qui, comme le remarquait déjà Emile Durkheim il y a un siècle, augmente en période de crise économique. A cela, bien sûr, des explications économiques : en période de crise, on conduit moins, ce qui limite les accidents de la route, on fume moins surtout lorsque le tabac coûte cher, on boit éventuellement moins. Et comme on a plus de temps libre, du fait de la disparition des heures supplémentaires, on fait plus d’exercice, de sport, de marche à pied, ce qui aide à réduire son poids… Tout cela ne se sent peut-être pas au niveau individuel, mais apparaît dans les statistiques de manière significative. L’auteur de cette étude, Christopher Ruhm, a même calculé qu’une réduction de 1% du chômage permettait de prédire une augmentation de 1,3% des décès d’origine cardiaque, et que les plus touchés étaient dans la tranche d’âge 20-44 ans. Ce que l’on conçoit bien : qui dit travail dit stress, conflits avec ses collègues, ses supérieurs hiérarchiques… (A Healthy Economy Can Break Your Heart). Ces résultats valent pour les Etats-Unis mais plus largement, si l’on en croit d’autres études pour l’ensemble des pays développés.

Je précise, pour éviter toute confusion que ces résultats ne valent que pour les récessions économiques courtes. Lorsque celles-ci durent, les effets pervers s’accumulent : les périodes de chômage s’allongent, l’anxiété grandit, on va moins chez le médecin, on se soigne plus mal, et les effets positifs des récessions courtes s’effacent progressivement. Mais vous me direz que ces statistiques sur la santé ne nous disent pas grand chose du bonheur. Ce qui est exact. Ce qui me ramène à Aristote.

Si ses analyses et celles qui s’en inspirent sont pertinentes et exactes, on doit pouvoir être heureux en période de crise pour peu que celle-ci nous amène à renouer, à resserrer les liens avec nos proches, nos voisins, les étrangers sans trop nous pénaliser sur le plan économique. Est-ce le cas? Il et assez difficile de le dire.

Les quelques études dont nous disposons suggèrent que les dons aux associations caritatives diminuent dans les classes populaires, les plus touchées par la crise. Faut-il en conclure que la générosité, l’altruisme diminuent? Ce n’est pas certain. On peut faire preuve d’altruisme de bien d’autres manières, en donnant, par exemple, un coup de main à ses proches en difficulté.

Je vais vous livrer une intuition que je serais bien en peine de prouver faute d’études et d’enquêtes. Il me semble que dans les périodes les plus difficiles, on a tendance à se rapprocher des siens assez naturellement.

Parce qu’on a moins confiance dans les institutions, dans les pouvoirs publics, dans les banques, dans les politiques, dans les entreprises, on se rapproche de ceux que l’on connaît le mieux.

Parce qu’on a moins d’argent pour envoyer les enfants en vacances loin, on les envoie chez ses parents, chez des cousins, chez des amis. On remplace le week-end en couple à Venise par une fête dans la maison de campagne d’un collègue ou d’un ami. On va moins au restaurant mais on organise plus de dîners.

Les difficultés économiques amènent à renouer des liens dont tous profitent, ceux qui doivent effectivement se serrer la ceinture et ceux qui n’y sont pas contraints. En ce sens, je dirais que nous vivons une période étrange et paradoxale où l’on est peut-être plus heureux alors même qu’on n’a jamais autant parlé de malheur.

S’il est vrai qu’être heureux c’est apprendre à concilier égoïsme et amitié, souci de l’autre, alors on ne peut exclure que les périodes de crise n’aident à retrouver ce que nous perdons dans les périodes de forte croissance qui incitent plutôt à privilégier l’égoïsme, la cupidité et tout ce qui permet de mieux profiter de richesses plus abondantes. Pour peu, faut-il le préciser une nouvelle fois, que ces périodes de crise ne durent pas trop longtemps.

Au début de cette intervention, j’ai fait allusion à une chanson des Rolling Stones qui me paraissait bien illustrer la situation des années soixante, années de forte croissance économique, je vous propose de la conclure avec une autre chanson, pratiquement contemporaine, de Gilles Vignault, un chanteur québécois qui me parait bien symboliser combien la période que nous traversons peut être paradoxale : Tout le monde est malheureux. Tout le monde est malheureux mais vous remarquerez combien ce malheur parait bien joyeux. Cette chanson nous donne des fourmis dans les jambes, elle nous donne envie de danser, c’est-à-dire de nous retrouver ensemble dans une activité qui nous permet tout à la fois de prendre un plaisir individuel, danser est agréable, et collectif, on ne danse jamais mieux que lorsque l’on est à plusieurs.